JEAN D'YVOIRE AU BRAS DE FER by James Fazy

JEAN D'YVOIRE AU BRAS DE FER by James Fazy

Auteur:James Fazy [Fazy, James]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Romans
Éditeur: Les Bourlapapey Bibliothèque numérique romande
Publié: 2014-02-11T16:55:33+00:00


Chapitre Dixième.

Cossonay

L’agile bâtiment touchait déjà la plage où Jean était descendu la veille, que lui était encore devant la grotte plongé dans une rêverie sans fin. Il serait resté ainsi longtemps, si les cris de ses compagnons, qui ne l’apercevaient point et qui le cherchaient à la même place où il les avait quittés le soir, ne l’avaient pas arraché aux pensées rétrospectives qui semblaient le fasciner. Il descendit rapidement vers eux, et son aspect, en calmant leurs inquiétudes, parut cependant les frapper d’une sorte d’étonnement. Ses vêtements offraient un désordre qui ne lui était pas habituel, ses longs cheveux, qui avaient flotté toute la nuit au hasard du vent, retombaient en partie sur sa figure ; son teint était d’une pâleur mortelle, et ses yeux portaient les traces d’un profond accablement. Cette apparence n’était pas de nature à dissiper les soupçons qui avaient germé parmi l’équipage, que Jean n’était resté seul pendant la nuit sur ce rivage assez mal noté, que pour y revoir la figure blanche qui l’avait aidé dans la construction de son navire, et la contraindre de lui rendre quelque nouveau service. Ces soupçons prirent encore plus de consistance, quand Jean, apercevant tout enharnaché le cheval noir qu’Amée l’avait prié d’emmener, il le détacha de l’arbre où il était retenu, et s’élançant sur lui, se mit à parcourir une carrière. Mais l’impétueux coursier, semblant deviner son prochain embarquement, n’alla pas jusqu’au bout, et, comme poussé par un instinct surnaturel, se précipita dans le lac, et se mit à nager avec une aisance et une dextérité qui surprirent tout le monde. Jean n’en fut ni effrayé ni courroucé, comme il aurait pu l’être se voyant ainsi mouillé jusqu’à mi-corps, car il reconnut là un souvenir d’Amée. C’était le goût de Jean, dans son enfance, d’habituer ses chevaux à cet exercice, et il s’était souvent amusé à le répéter devant Amée ; il s’apercevait qu’elle ne l’avait point oublié. Mais l’équipage y vit tout autre chose : on se souvenait que Jean, la première fois qu’il aperçut la figure blanche, l’avait poursuivie à cheval dans le lac ; tout le monde avait été surpris de ce prodige, et on l’avait attribué à une force surnaturelle. Quel devait être l’étonnement de revoir de l’autre côté du lac un cheval tout semblable à celui qui avait servi la première fois, et ce cheval répéter, comme malgré son maître, une évolution qui semblait dévoiler les mystères de la nuit. Ces mystères, l’imagination des bateliers les expliquait ainsi : Jean voulant obtenir pour son navire et pour son entreprise les secours surhumains de l’être extraordinaire qui avait paru sous la forme d’une figure blanche, avait été le chercher dans le lieu ou il faisait sans doute son séjour ; mais pour poursuivre cette espèce de génie du lac sur son élément, Jean paraissait avoir eu besoin de son cheval merveilleux, et par une évocation magique il devait l’avoir fait venir d’Yvoire au cap de Promenthoux ; peut-être même était-ce le Maure qui l’avait secrètement lancé dans le lac, pendant la nuit, pour le faire parvenir à son maître.



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